n° 10 - Le pied à l’étrier
En ce mois de rentrée, il est temps de mettre le pied à l’étrier. La Médiathèque du Cadre noir vous propose de découvrir l'histoire de l'étrier.
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L’invention des étriers est une source de questionnements dans la communauté scientifique. La présence de l’étrier est attestée au IIIe s. avant J.C., sa création semble liée au développement de la selle à arçon et à la recherche d’un outil pour monter sur le cheval (étrier-montoir). Pour certains chercheurs, les étriers ont été créés par les Chinois ; pour d’autres, ils proviennent de peuples nomades d’Asie centrale et/ ou de Sibérie. La possibilité d’une invention parallèle n’est, elle aussi, pas exclue.

Les étriers se répandent en Occident vers la fin du VIe s. et le début du VIIe s. par l’intermédiaire de cavaliers turco-mongols (les Avars) qui s’installent dans les Balkans mais aussi, possiblement, par les Byzantins qui avaient déjà recours au proto-étrier de monte.
Au VIIIe s., le français Charles Martel a participé à la reconnaissance de l’utilité des étriers pour la cavalerie. Ceux-ci facilitent la mise en selle, offrent un gain de stabilité en selle et permettent au cavalier de moins se fatiguer lors de longues chevauchées. Pour l’historien Lynn White, les étriers semblent avoir joué un rôle crucial dans le développement d’une nouvelle méthode de combat et la structuration d’une chevalerie occidentale qui s’opère du VIIIe au XIe s. L’importance donnée à cet équipement dans la fabrique de la chevalerie a néanmoins été longuement débattue. Il est cependant admis que les étriers ont eu un effet sur la pratique militaire et ont participé à la distinction d’une classe sociale supérieure. Cet outil avant tout pratique, est aussi l’objet de raffinements esthétiques qui valorisent celui qui les chausse.

En France, l’usage des étriers est généralisé au XIIIe s. Il est l’objet de diverses innovations parfois surprenantes. Il a ainsi existé des étriers à lanterne, à plancher chauffant, de sécurité, pour monte en amazone, pour jambe de bois, etc. L’adoption mondiale des étriers ne signifie pas une absence de diversité, même si leur conception reste similaire. Ils revêtent parfois des formes spectaculaires tels les étriers mexicains cruciformes. Ceux-ci furent cependant interdits en 1788 sur la volonté de l’Église qui considérait comme un sacrilège le fait de poser le pied à l’endroit où aurait dû se trouver la tête du Christ.

Les étriers font encore aujourd’hui l’objet d’une attention esthétique, sécuritaire mais aussi technique. Lorsqu’ils sont munis de capteurs, ils deviennent même une source de données pour la recherche scientifique et la pédagogie sportive. L’usage des étriers a permis une évolution notable de la monte en course et à l’obstacle. L’avec ou le sans étriers lors de l’apprentissage du cavalier a fait et fait encore l’objet de discussions même si certaines pratiques et cavaliers s’en passent tels les écuyers du Cadre noir de Saumur sur leurs sauteurs.
Emmanuel Barcet, « Vue 42 : Avoir le pied à l'étrier, tout est là !», 1890-1920, (MFILM G-189734). [Collection Jaquet]. Dessinateurs et humoristes : Emmanuel Barcet, Guydo et Jacques Wely. Tome 20 : [défets d'illustrations de périodiques]. Source : Gallica/ BnF
Les étriers ont intégré l’imaginaire culturel français comme en témoigne la langue avec des expressions telles que :
Sources :
Éliane et Guy de La Boisselière, « Les étriers », Éperonnerie et parure du cheval : de l'Antiquité à nos jours, Bruxelles : éditions Racine, 2005, pp. 48-79
Jean-Pierre Digard, « Étriers et féodalité », Une histoire du cheval, Arles : Actes sud, 2004, pp. 79-86.
Didier Gazagnadou, « Les étriers. Contribution à l’étude de leur diffusion de l’Asie vers les mondes iranien et arabe », Techniques & Culture, vol. 37, 2001, pp. 155-171. En ligne : https://doi.org/10.4000/tc.266
Stavros Lazaris, « Considérations sur l'apparition de l'étrier : contribution à l'histoire du cheval dans l'Antiquité tardive » in Armelle Gardeisen (dir.), Les équidés dans le monde méditerranéen antique, 2003, pp. 275-288. En ligne : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00111162
John Sloan, « The Stirrup Controversy », 5 octobre 1994. En ligne : https://sourcebooks.fordham.edu/med/sloan.asp
Plus d’images :
La collection d’éperonnerie du Château-Musée de Saumur qui compte quelques étriers atypiques : https://www.pop.culture.gouv.fr/search/list?museo=%5B%22M0759%22%5D&domn=%5B%22%C3%A9peronnerie%22%5D
Galerie « étriers » du Club International d’Éperonnerie (CIDE) : http://www.club-cide.com/Etrier2.htm
Image en Une : Alain Laurioux, Détail d’un étrier du Cadre noir. © IFCE - Cadre noir

Etrier datant du Ve s. exhumé à Wada (préfecture de Nada au Japon) probablement importé de Chine ou de Corée. Source : MetMuseum (domaine public)
Les étriers se répandent en Occident vers la fin du VIe s. et le début du VIIe s. par l’intermédiaire de cavaliers turco-mongols (les Avars) qui s’installent dans les Balkans mais aussi, possiblement, par les Byzantins qui avaient déjà recours au proto-étrier de monte.
Au VIIIe s., le français Charles Martel a participé à la reconnaissance de l’utilité des étriers pour la cavalerie. Ceux-ci facilitent la mise en selle, offrent un gain de stabilité en selle et permettent au cavalier de moins se fatiguer lors de longues chevauchées. Pour l’historien Lynn White, les étriers semblent avoir joué un rôle crucial dans le développement d’une nouvelle méthode de combat et la structuration d’une chevalerie occidentale qui s’opère du VIIIe au XIe s. L’importance donnée à cet équipement dans la fabrique de la chevalerie a néanmoins été longuement débattue. Il est cependant admis que les étriers ont eu un effet sur la pratique militaire et ont participé à la distinction d’une classe sociale supérieure. Cet outil avant tout pratique, est aussi l’objet de raffinements esthétiques qui valorisent celui qui les chausse.
Barthélémy d'Eyck, détail d'une illustration tirée de René Ier d'Anjou, Traité de la forme et devis comme on peut faire les tournois, 1401-1500, 66v. Source : Gallica/ BnF
En France, l’usage des étriers est généralisé au XIIIe s. Il est l’objet de diverses innovations parfois surprenantes. Il a ainsi existé des étriers à lanterne, à plancher chauffant, de sécurité, pour monte en amazone, pour jambe de bois, etc. L’adoption mondiale des étriers ne signifie pas une absence de diversité, même si leur conception reste similaire. Ils revêtent parfois des formes spectaculaires tels les étriers mexicains cruciformes. Ceux-ci furent cependant interdits en 1788 sur la volonté de l’Église qui considérait comme un sacrilège le fait de poser le pied à l’endroit où aurait dû se trouver la tête du Christ.

Etriers mexicains du XVIIIe s. Source : MetMuseum (domaine public)
Les étriers font encore aujourd’hui l’objet d’une attention esthétique, sécuritaire mais aussi technique. Lorsqu’ils sont munis de capteurs, ils deviennent même une source de données pour la recherche scientifique et la pédagogie sportive. L’usage des étriers a permis une évolution notable de la monte en course et à l’obstacle. L’avec ou le sans étriers lors de l’apprentissage du cavalier a fait et fait encore l’objet de discussions même si certaines pratiques et cavaliers s’en passent tels les écuyers du Cadre noir de Saumur sur leurs sauteurs.
Les étriers ont intégré l’imaginaire culturel français comme en témoigne la langue avec des expressions telles que :
- « boire le coup de l’étrier » (prendre un dernier verre avant de partir)
- « à franc étrier » (à toute vitesse sans s’arrêter)
- « être ferme sur ses étriers » (être résolu)
- « avoir le pied à l’étrier » (être sur le point de partir)
- « mettre le pied à l’étrier » (aider à monter ou démarrer quelque chose)
Sources :
Éliane et Guy de La Boisselière, « Les étriers », Éperonnerie et parure du cheval : de l'Antiquité à nos jours, Bruxelles : éditions Racine, 2005, pp. 48-79
Jean-Pierre Digard, « Étriers et féodalité », Une histoire du cheval, Arles : Actes sud, 2004, pp. 79-86.
Didier Gazagnadou, « Les étriers. Contribution à l’étude de leur diffusion de l’Asie vers les mondes iranien et arabe », Techniques & Culture, vol. 37, 2001, pp. 155-171. En ligne : https://doi.org/10.4000/tc.266
Stavros Lazaris, « Considérations sur l'apparition de l'étrier : contribution à l'histoire du cheval dans l'Antiquité tardive » in Armelle Gardeisen (dir.), Les équidés dans le monde méditerranéen antique, 2003, pp. 275-288. En ligne : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00111162
John Sloan, « The Stirrup Controversy », 5 octobre 1994. En ligne : https://sourcebooks.fordham.edu/med/sloan.asp
Plus d’images :
La collection d’éperonnerie du Château-Musée de Saumur qui compte quelques étriers atypiques : https://www.pop.culture.gouv.fr/search/list?museo=%5B%22M0759%22%5D&domn=%5B%22%C3%A9peronnerie%22%5D
Galerie « étriers » du Club International d’Éperonnerie (CIDE) : http://www.club-cide.com/Etrier2.htm
Image en Une : Alain Laurioux, Détail d’un étrier du Cadre noir. © IFCE - Cadre noir