n° 20 - Les sauts d'école

Cette semaine, venez découvrir les sauts d'école, leurs origines et leurs pratiques actuelles au sein des quatre écoles d'art équestre européennes que sont l'Ecole espagnole de Vienne, l’Ecole royale
andalouse d’art équestre de Jerez, le Cadre noir de Saumur et l’Ecole portugaise d’art équestre
de Lisbonne.
24/03/2021
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24/03/2021
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On appelle sauts d’école, les exercices stylisés pendant lesquels les membres du cheval quittent, partiellement ou totalement, le sol. Ils sont aussi qualifiés d’airs relevés en opposition aux airs bas/ près de terre. L'inverse n'est cependant pas vrai, tous les airs relevés ne sont pas des sauts.
Les prémices
Au XVIe s., Cesare Fiaschi dans son Traité de la manière de bien embrider, manier et ferrer les chevaux explore pendant différents chapitres des maniements avec sauts qu'il accompagne d'un dessin et d'une partition musicale (voir le livre second ; chapitres 12 à 16). Salomon de La Broue, lui aussi s'attarde sur les Leçons pour les airs et manèges relevez dans son Cavalerice françois, (voir le livre premier, le chapitre 63).

Pratiqués par la noblesse, ces sauts ont également été utilisés par les militaires à des fins de parade, d’apprentissage ou de fin en soi. Contrairement à certaines croyances, les sauts d’école n’étaient pas utilisés sur le champ de bataille. Leur préparation requiert trop de temps et de concentration. Ces sauts participent néanmoins à la formation du cavalier militaire.
Vers une rationalisation des différents sauts au XVIIIe s.
Ces sauts connaissent la même allure de départ le terre-à-terre, une sorte de galop à deux temps qui favorise le rassembler et le cadencement.
Les premiers traités évoquent différents types d’airs qui ne sont plus tous pratiqués actuellement. C’est l’ouvrage L’Ecole de cavalerie de La Guérinière qui est les fixe et fonctionne comme référence. L’écuyer décrit six sauts dont certains s’offrent comme une variation d’une même posture telles les triades pesade - mézair - courbette ou encore croupade - ballotade - capriole.

La pesade, le mézair et la courbette sont ainsi des cabrers effectués avec un ploiement des hanches plus ou moins marqué et dans une dynamique de déplacement ou d’immobilité. La croupade, ballotade et capriole (modernisé plus tard en cabriole) sont des sauts des quatre membres avec des postérieurs regroupés sous la masse du corps ou, au contraire, dépliés jusqu’à la ruade.
Le pas-et-le-saut (nommé aussi galop gaillard) est une combinaison de sauts : le cheval au terre-à-terre effectue une courbette puis une capriole
Les sauts au Cadre noir de Saumur et dans les autres écoles équestres européennes
On trouve des points communs aux quatre écoles, les sauts s’effectuent à selle ou à pied, en main, aux piliers ou encore aux longues-rênes. Des différences se constatent cependant.
A Saumur, seules la croupade, courbette et cabriole sont pratiquées et s’effectuent en solitaire ou en groupe tandis que dans les autres écoles, pesade, levade, ballotade sont encore présentes mais les sauts sont effectués individuellement.
Quelques différences d’exécution sont également visibles. Dans la courbette, pour celle dite viennoise, le cheval est dressé à la verticale et avance par sauts successifs. Elle est pratiquée à Vienne mais aussi à Jerez. Celle des sauteurs du Cadre noir s’effectue au contraire sur place. De même pour la croupade qui est devenue au Cadre noir une ruade sur place avec les postérieurs étendus au maximum et non plus un saut avec les membres postérieurs regroupés sous la masse.
Des évolutions sont aussi visibles au sein d’une même école. Ainsi, la position de l’écuyer du Cadre noir a évolué pour la courbette. D’abord penché en avant pour rester perpendiculaire au sol, l’écuyer est désormais assis perpendiculairement au corps du cheval. Autre exemple, la cabriole des sauteurs s’est effectuée plus ou moins horizontalement selon le choix du déclenchement de la ruade pendant le saut (phase ascendante, point culminant, phase descendante).

Pour aller plus loin :
-Guillaume Henry et Alain Laurioux, Les Sauts d’école, Belin, 2014.
-Guillaume Henry et Alain Laurioux, Les Hauts lieux de l’art équestre : Vienne, Saumur, Jerez, Lisbonne, Belin, 2008.
-Jean-Claude Barry, Traité des airs relevés, Belin, 2005.
-Jean-Louis Guntz, Sauteurs en liberté : Précis de dressage des sauteurs en liberté, Agence Cheval de France, 2006.
Image en Une : Courbette (c) Alain Laurioux / IFCE
Les prémices
Ces sauts se sont développés et ont été théorisés avec la pratique des carrousels, l’équitation de cour et académique de la Renaissance. On retrouve la trace des sauts d’école dans les traités d’équitation des écuyers européens de l’époque moderne.
Au XVIe s., Cesare Fiaschi dans son Traité de la manière de bien embrider, manier et ferrer les chevaux explore pendant différents chapitres des maniements avec sauts qu'il accompagne d'un dessin et d'une partition musicale (voir le livre second ; chapitres 12 à 16). Salomon de La Broue, lui aussi s'attarde sur les Leçons pour les airs et manèges relevez dans son Cavalerice françois, (voir le livre premier, le chapitre 63).
Un siècle plus tard, Antoine de Pluvinel les enseigne au futur Louis XIII dans son Instruction du Roy. Ses propos sont cette fois-ci accompagnés de gravures en double-pages :
Le Roi en pleine exécution sous la chambrière de M. de Pluvinel (à droite)
Crispin de Pas, "Figure 36" in L'Instruction du Roy de Pluvinel, 1625. Source : BnF/ Gallica
Pratiqués par la noblesse, ces sauts ont également été utilisés par les militaires à des fins de parade, d’apprentissage ou de fin en soi. Contrairement à certaines croyances, les sauts d’école n’étaient pas utilisés sur le champ de bataille. Leur préparation requiert trop de temps et de concentration. Ces sauts participent néanmoins à la formation du cavalier militaire.
Vers une rationalisation des différents sauts au XVIIIe s.
Ces sauts connaissent la même allure de départ le terre-à-terre, une sorte de galop à deux temps qui favorise le rassembler et le cadencement.
Les premiers traités évoquent différents types d’airs qui ne sont plus tous pratiqués actuellement. C’est l’ouvrage L’Ecole de cavalerie de La Guérinière qui est les fixe et fonctionne comme référence. L’écuyer décrit six sauts dont certains s’offrent comme une variation d’une même posture telles les triades pesade - mézair - courbette ou encore croupade - ballotade - capriole.
La planche des airs relevés chez La Guérinière
Charles Parrocel, "Airs relevez" in L'Ecole de cavalerie de La Guérinière, 1733. Source : BnF/ Gallica
La pesade, le mézair et la courbette sont ainsi des cabrers effectués avec un ploiement des hanches plus ou moins marqué et dans une dynamique de déplacement ou d’immobilité. La croupade, ballotade et capriole (modernisé plus tard en cabriole) sont des sauts des quatre membres avec des postérieurs regroupés sous la masse du corps ou, au contraire, dépliés jusqu’à la ruade.
Le pas-et-le-saut (nommé aussi galop gaillard) est une combinaison de sauts : le cheval au terre-à-terre effectue une courbette puis une capriole
Les sauts au Cadre noir de Saumur et dans les autres écoles équestres européennes
Actuellement, ces sauts sont essentiellement réalisés pour leurs dimensions esthétique et patrimoniale. Ils sont surtout pratiqués par les écoles d’art équestre européennes ainsi que certains artistes et cavaliers. Ainsi, à Saumur, c’est Jean-Baptiste Cordier qui introduit à l’Ecole de
cavalerie la pratique des sauts d’école pour leurs vertus formatrices,
tant pour le corps que l’esprit des cavaliers. La tradition s'est perpétuée depuis.
A Saumur, seules la croupade, courbette et cabriole sont pratiquées et s’effectuent en solitaire ou en groupe tandis que dans les autres écoles, pesade, levade, ballotade sont encore présentes mais les sauts sont effectués individuellement.
Quelques différences d’exécution sont également visibles. Dans la courbette, pour celle dite viennoise, le cheval est dressé à la verticale et avance par sauts successifs. Elle est pratiquée à Vienne mais aussi à Jerez. Celle des sauteurs du Cadre noir s’effectue au contraire sur place. De même pour la croupade qui est devenue au Cadre noir une ruade sur place avec les postérieurs étendus au maximum et non plus un saut avec les membres postérieurs regroupés sous la masse.
Des évolutions sont aussi visibles au sein d’une même école. Ainsi, la position de l’écuyer du Cadre noir a évolué pour la courbette. D’abord penché en avant pour rester perpendiculaire au sol, l’écuyer est désormais assis perpendiculairement au corps du cheval. Autre exemple, la cabriole des sauteurs s’est effectuée plus ou moins horizontalement selon le choix du déclenchement de la ruade pendant le saut (phase ascendante, point culminant, phase descendante).
Sur la carte postale ci-dessous : une cabriole à la ruade déclenchée sur la phase descendante et des écuyers à la perpendiculaire du sol pendant leur courbette.
Atelier Blanchaud, Saumur - Ecole de Cavalerie - Courbettes et Cabriole. Source : Médiathèque du Cadre noir.
Pour aller plus loin :
-Guillaume Henry et Alain Laurioux, Les Sauts d’école, Belin, 2014.
-Guillaume Henry et Alain Laurioux, Les Hauts lieux de l’art équestre : Vienne, Saumur, Jerez, Lisbonne, Belin, 2008.
-Jean-Claude Barry, Traité des airs relevés, Belin, 2005.
-Jean-Louis Guntz, Sauteurs en liberté : Précis de dressage des sauteurs en liberté, Agence Cheval de France, 2006.
Image en Une : Courbette (c) Alain Laurioux / IFCE