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Emmanuel Poiré de son vrai nom est né à Moscou en 1858 mais s'exile en France dès sa majorité. Il avait déjà des liens avec la France puisque son grand-père qui avait servi sous Napoléon avait décidé de rester faire sa vie en Russie après le repli de 1812. Son pseudonyme de Caran d'Ache provient d'un terme russe карандаш qui se prononce karandach et désigne le crayon. Il sera francisé par la suite en Caran d'Ache.

Connu pour être le précurseur du roman graphique, il est également le co-fondateur d'une revue satirique Psst...! Dessinateur prolifique, il a croqué la vie parisienne équestre dans la presse, publié des monographies dédiées et illustré des livres à la thématique équine d'autres auteurs. Cet article se propose de faire un bref tour d'horizon de ses productions.

En 1885, Caran d'Ache illustre l'Histoire de Marlborough écrite par Jules de Marthold qui plonge le lecteur dans les mouvements politiques du  XVIIe s. Déjà le texte est court et accorde une grande place au dessin. Si l'histoire n'est pas purement équestre, on y croise de nombreux cavaliers et cavalières issues de la haute société qui s'adonnent, dans l'image ci-dessous, à la chasse :

En 1888, il publie Les Courses dans l'Antiquité chez Plon. L'ouvrage est en réalité une caricature des moeurs observées sur les hippodromes à son époque. On y croise des familles plus ou moins riches qui se transportent jusqu'aux pistes de courses, des parieurs invétérés, des repas sur l'herbe, des jockeys et pur-sangs devenus centaures qui mangent, passent au pesage et enfin courent pour la victoire. Caran d'Ache s'est ainsi amusé à déguiser ses contemporains sous une plastique antique. Ci-dessous le mail du prince Apollon accompagné du marquis de Térence et de quelques muses du Conservatoire suivi par le centaure Orloff du prince X :




En 1890, Caran d'Ache publie Nos soldats du siècle chez Plon. Une monographie qui met en scène les différents régiments et personnages illustres comportant plusieurs cavaliers dont Joachim Murat, général sous Napoléon 1er et roi de Naples. Il est notamment connu pour avoir mené des charges de cavalerie dont une à la bataille d'Eylau en 1807. La peau de bête recouvrant sa selle est assez typique des représentations de Murat qui était connu pour ses tenues extravagantes :



Le 2 avril 1893, le texte de Buffon sur "Le Cheval" est republié dans L'Echo de Paris avec des illustrations de Caran d'Ache. Ce dernier ne se limite cependant pas à une simple "illustration" et dénonce les travers des cavaliers offrant ainsi une autre lecture du texte aux lecteurs, nettement plus ironique. Ci-dessous on retrouve le cheval qui s'anime aux bruits des armes (et qui ne prête plus aucune attention à son cavalier civil) ou encore les plaisirs de la chasse partagée par le cheval et son cavalier (qui a perdu ses étriers et s'apprête à se prendre une branche d'arbre) :



Les travaux de Caran d'Ache ont également fait l'objet de regroupement sous forme d'albums. L'occasion de redécouvrir la petite histoire du cavalier Marius et de pourquoi il n'a pas remporté le concours hippique ou encore l'épisode de la lettre de Napoléon apportée à Murat sous forme d'une succession de croquis et de "cheval bâton" :

Pour aller plus loin :
- Caran d'Ache sur Wikipedia Commons : https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Caran_d%27Ache?uselang=fr

- Comte de Buffon, Le Cheval, 1893, 24 p. En ligne sur Gallica/ BnF : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53072767b?rk=214593;2
- La revue Psst...! en ligne sur Gallica/ BnF : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328454574/date

Image en une :  "Le Petit père et son trompette", Défet de Le Rire, [Collection Jaquet]. Dessinateurs et humoristes. Caran d'Ache, 1895-1903, pp. 106-107. Source : Gallica/ BnF