n° 25 - Souvenirs équestres : la mémoire de l'École de cavalerie

Cette semaine, venez découvrir une figure de l'École de cavalerie du début du XXe s. à travers les mots du capitaine Jacques de Saint-Phalle : le maréchal des logis Bouilhet et sa prodigieuse mémoire.
(22/06/2021)
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Dans ses Souvenirs cavaliers, l’écuyer du Cadre noir, le capitaine de Saint-Phalle, dresse le portrait de quelques figures intéressantes croisées à l’École de cavalerie de Saumur au début du XXe s. L’une d’entre elles est le maréchal des logis de manège Bouilhet.
« Bouilhet jouissait d’une mémoire prodigieuse qui, comme on le pense bien, le servait grandement dans ce service changeant à tout instant. Les ordres qu’il recevait étaient en particulier mis dans je ne sais quelle case de son cerveau, d’où le souvenir lui en revenait toujours au moment nécessaire.
- Bouilhet, faites-moi envoyer tel cheval, dans telle tenue, à tel manège, pour telle heure !
- Bien, mon capitaine !
- Bouilhet, faites-moi envoyer tel autre cheval à telle heure, dans telle autre tenue, à tel autre manège.
- Bien, mon capitaine !
- Bouilhet, vous ferez remplir le pédiluve pour telle heure.
- Bien, mon capitaine !
- Bouilhet, tel cheval en caveçon ici à telle heure.
- Bien, mon lieutenant !
- Bouilhet, vous passerez la revue avec moi à la sellerie de la Moscova, à quatre heures.
- Bien, mon capitaine !
Tout cela pouvait se dire en un quart d’heures ou en dix heures, l’exécution était toujours assurée.
Une fois, j’ai voulu soumettre cette mémoire extraordinaire à une plus rude épreuve. Je partais en congés de deux mois, mais je comptais revenir au commencement de septembre. Je dis à mon ami Bouilhet :
Une fois, j’ai voulu soumettre cette mémoire extraordinaire à une plus rude épreuve. Je partais en congés de deux mois, mais je comptais revenir au commencement de septembre. Je dis à mon ami Bouilhet :
- Bouilhet, vous m’enverrez Menthol au manège des écuyers, selle française, le 3 septembre, à cinq heures quarante du matin.
- Bien, mon capitaine.
Le 3 septembre j’arrivai au manège des écuyers à six heures du matin. Mon cheval y était dans la tenue prescrite. Je dis à l’homme qui le tenait :
- Depuis combien de temps êtes-vous là ?
- Depuis vingt-cinq minutes à peine, mon capitaine, le maréchal des logis m’a commandé pour six heures moins vingt. »
Capitaine Jacques de Saint-Phalle, Souvenirs cavaliers, éd. Jean-Michel Place, 1996, pp. 95-97.
Pour aller plus loin :
- Capitaine Jacques de Saint-Phalle, Souvenirs cavaliers, éd. Jean-Michel Place, 1996.
-Louis-Auguste Picard, Origines de l'École de cavalerie, deux tomes, Saumur : S. Milon Fils, 1890. En ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038802/
-Louis-Auguste Picard, Origines de l'École de cavalerie, deux tomes, Saumur : S. Milon Fils, 1890. En ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038802/
-La vie militaire à l'École de cavalerie en cartes postales : https://mediatheque.ifce.fr/index.php?lvl=etagere_see&id=76
Image en une : Francis Voelcker, Saumur (M.-et-L.) - Jeunes chevaux dans les paddocks, 1904. Source : Médiathèque Cadre noir/ IFCE