n° 26 - Chevaux et culture équestre nippone

Cette semaine, à l’occasion des Jeux olympiques de Tokyo, nous vous proposons de découvrir quelques aspects de la culture équestre japonaise.
(28/07/2021)
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Sekiya Village on the Sumida River (Sumidagawa Sekiya no sato), de la série d'estampes "Les 36 vues du Mont Fuji" (Fugaku sanjūrokkei) par Katsuschika Hokusai, vers 1830-1832. MET Museum
(public domain)
La société équestre japonaise semble s’être constituée comme une « société d’écuyers », selon l’expression de l’ethnologue Jean-Pierre Digard. Le cheval est un marqueur distinctif social et l’apanage des classes sociales aisées. Les chevaux ont été utilisés pour le prestige, la guerre, le loisir mais également pour le transport ou l’agriculture. On trouve mention dans certains écrits, tel le Heike Monogatari, de femmes guerrières. La plus connue étant Tomoe Gozen dont la légende est telle qu'il est difficile de séparer le vrai du faux.
Tomoe Gozen Killing Uchida Saburo Ieyoshi at the
Battle of Awazu no Hara par Ishikawa Toyonobu, vers 1750. MET Museum (public domain)
Actuellement, le cheval et ses pratiques restent un loisir onéreux dans la société japonaise. Le sport s’est développé, notamment l’hippique toujours très prisé depuis l’apparition des courses dans la seconde moitié du XIXe s. Les Banei Tokachi, courses de chevaux de traits où l'on retrouve notre percheron français, sont également très appréciées.
View of the Horse Track at Shinobazu in Ueno
Park par Yoshu (Hashimoto) Chikanobu, 1885. MET Museum (public domain)
Dans l’histoire du sport olympique, certains japonais se sont distingués en équitation. Le baron Takeichi Nishi avec le cheval Uranus qui remporta l’or en saut d’obstacles individuel en 1932 à Los Angeles. Le dresseur Hiroshi Hoketsu s’est fait connaître comme le sportif le plus âgé (71 ans) lors des Jeux de Londres en 2012.
French Equestrian Circus on the grounds of Asakusa Kannon temple par Utagawa Kuniteru, 1871. MET Museum (public domain)
Les chevaux sont aussi présents dans les divertissements et les arts. Ils participent à la narration de figures de l'histoire japonaise. On peut par exemple évoquer celle du samouraï Kumagi Naozane. Ce guerrier participa à la guerre civile de Gempei pendant laquelle il tua un jeune homme qui avait le même âge que son fils décédé. Pris de remords, il décide de devenir un moine boudhiste (sous le nom de Rensho) et jure de ne jamais tourner le dos à Amida (le Boudha de l'ouest). Dans de nombreuses représentations artistiques, lors de son périple de Tokyo vers la région du Kanto (à l'est), il est dépeint comme montant à cheval à l'envers pour respecter sa promesse.
Image de Chiyoda Castle (album of men) par Yoshu (Hashimoto) Chikanobu, 1897.
Des pratiques plus chargées symboliquement sont toujours présentes avec le très connu Yabusame (tir à l’arc à cheval), art martial devenu rituel, mais aussi le Chagu-chagu Umakko, une procession équine qui célèbre les chevaux de travail agricole. Cette charge symbolique du cheval se retrouve également dans les objets. Ainsi, les Haniwa (statuette funéraire en terre cuite) et les Netsuke (petit objet sculpté servant à accrocher des objets à la ceinture du kimono) prennent parfois la forme d'un cheval.
Netsuke of Horse, ivoire, 19e s. MET Museum (public domain)
Pour finir ce rapide parcours nippon, nous vous proposons de découvrir deux livres d'estampes dédiés au cheval (et entièrement numérisés !) :
- Ehon hyakuba zu [Livre d'images de cent dessins de chevaux] d'Eishisai Tadachika, 1754.
- Pictures of Famous Horses Yesterday and Today d'un auteur inconnu de la
période Edo.
Accéder au livre : https://www.metmuseum.org/art/collection/search/57853 Source : MET Museum (public domain
Pour aller plus loin :
-Heidelinde Hupfer, Le tir à lʼarc à cheval au Japon et son équipement. Mémoire de master 2 archéologie, sous la direction dAntoine Gournay, Paris 4, 2015. https://chevaljapon.com/yabusame/