n° 33 - Les souvenirs équestres du Général Wattel
Grâce à l’accord de la famille Wattel, l’IFCE a pu éditer les Souvenirs équestres du général Wattel, un ancien écuyer en chef qui dirigea le Manège de Saumur après la Première Guerre mondiale. A l’occasion de cette publication, nous vous proposons cette semaine de découvrir quelques extraits de ses souvenirs.
(26/04/2022)
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Extrait de la préface par le colonel Teisserenc, ancien écuyer en chef du Cadre noir de Saumur :
« Avare de paroles, le général Wattel n’a pas laissé, de son vivant, d’écrits officiels sur l’équitation ou sur sa vie comme l’avait fait un de ses prédécesseurs : le général L’Hotte.
C’est pourquoi l’édition de ses Souvenirs équestres prend toute sa valeur. Elle comprend les « souvenirs » ainsi qu’une lettre adressée à son fils sur le dressage de ses chevaux et intitulée « notes d’équitation ». Connus uniquement de quelques initiés, ces deux écrits vont pouvoir être partagés avec le plus grand nombre.
C’est pourquoi l’édition de ses Souvenirs équestres prend toute sa valeur. Elle comprend les « souvenirs » ainsi qu’une lettre adressée à son fils sur le dressage de ses chevaux et intitulée « notes d’équitation ». Connus uniquement de quelques initiés, ces deux écrits vont pouvoir être partagés avec le plus grand nombre.
Je reviendrai sur quelques éléments qui m’ont particulièrement frappé à la lecture de cet ouvrage : le témoignage fascinant sur le développement des sports équestres de cette époque du début du XXe siècle, les portraits de quelques personnalités qu’il a bien connues dans le monde de l’équitation et enfin la conception très particulière de la relation entre le cavalier et son cheval. »
Extraits des souvenirs
Suite à ses premières leçons d’équitation prise un an auparavant, le jeune Wattel recherche un cheval à monter pendant ses congés :
« L’année suivante, pendant les vacances, on m’envoya séjourner deux mois en Allemagne, à Vorst, près de Krefeld. […] Il y avait, dans un château des environs de Vorst, un jeune châtelain de vingt-cinq à trente ans, qui possédait un cheval de selle, un vrai. Ne doutant pas de mes capacités, je lui fis demander de me le prêter quand il ne pourrait pas le monter. Il y consentit, mais alors ce fut une tout autre affaire et je pris ce jour-là ma première leçon d’humilité et… d’équitation. »
Sa première course à Verrie :
« La première fois, c’était à Verrie, qui n’était pas encore l’hippodrome policé qu’il est devenu dix ans plus tard. La piste se réduisait à un sentier serpentant entre les rochers affleurant le sol et les touffes de genêts. Les obstacles étaient peu nombreux, plutôt bas, pas soignés. Le seul imposant était un talus dit « breton » à côté des tribunes.
Je montais un cheval nommé Wetchester qui était connu comme un gros tireur. J’ai déjà dit que je n’avais jamais pu tenir un cheval qui tirait fort. Aussi, dès le départ, je me trouvai emballé, je m’efforçai de diriger mon cheval sur le milieu des obstacles. En arrivant en vue du talus breton, je vis devant l’obstacle le capitaine de Montjou, les bras levés, me faisant de grands gestes pour m’inviter à ralentir et me criant « Doucement ! » Ah ouiche ! Autant essayer d’arrêter un boulet de canon. Je finis la course, mais la trajectoire de mon boulet atterrit avant le poteau, car mon cheval, épuisé, se fit battre à l’arrivée. »
Réflexions sur la monte en avant à l’obstacle :
« Le cavalier montait les étriers assez courts, le buste très en avant et les fesses hors de la selle, les mains basses, et se recevait toujours en avant. Il semblait à quatre pattes au-dessus de l’avant-main. Ce fut parmi les vieux cavaliers en France un tollé général, contre cette équitation « de singe » et l’École de cavalerie, sûre de l’excellence de sa façon de faire, se contenta de hausser les épaules. Cependant, parmi la jeunesse, toujours avide de nouveauté, un doute naissait… »
Extrait de ces notes d’équitation
A propos de la main :
« Autre grand principe : l’action de la main doit être aussi légère que possible et cesser ou diminuer dès que le cheval commence à obéir. Il faut veiller à ce que l’action de la main et celle des jambes ne soient pas en contradiction. Si la main commande le ralentissement pendant que les jambes sollicitent une accélération, il y a contradiction et le cheval désobéit ou se blase. C’est de cette constatation que découle le principe de main sans jambes et jambes sans main. C’est vrai pour l’utilisation courante et pour les débutants, mais dès qu’il s’agit de rassembler, d’équitation plus savante, on est bien obligé d’accorder main et jambes agissant ensemble. »
Informations complémentaires sur l'ouvrage publié
Général Jean-Charles-Edmond Wattel, Souvenirs équestres, Le Pin au Haras : IFCE, coll. Hommes & chevaux, 2022, 177 p.
Colonel Patrick Teisserenc, préfacier ; Honorine Tellier,
coordinatrice ; Bernard Maurel et Jean-Pierre Tuloup, auteurs des textes complémentaires.
ISBN : 978-2-915250-84-8, 20 euros.
Le livre est en vente à la librairie de l’IFCE et boutique Cadre noir : https://www.ifce.fr/produit/souvenirs-equestres-general-wattel/