Titre : | "Un archétype de l'Amazone dans le théâtre classique allemand : Jeanne d'Arc dans "La Pucelle d'Orléans" de Schiller" |
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Auteurs : | Sylvie Marchenoir |
Type de document : | texte imprimé |
Format : | p. 213 à p. 223 / 24 cm |
Mots-clés : |
Mots-clés équitation Jeanne d'Arc |
Résumé : | "La Pucelle d'Orléans" est une tragédie en cinq actes dont le succès fut immédiat en 1801. Par la date de sa composition, par sa facture classique et par la noblesse de son sujet, elle semble s'inscrire parfaitement dans la lignée de "Marie Stuart" et des grandes tragédies du théâtre classique allemand. Mais le personnage de Jeannne d'Arc a servi de base à l'une des constructions les plus audacieuses de ce théâtre et donné naissance à une figure de femme des pus étonnantes. Nul doute que la "Pucelle" de Schiller intéresse son créateur pour l'archétype de l'amazone qu'elle représente : une femme guerrière combattant à cheval, porteuse de tous les attributs du guerrier sur des vêtements de femme, adversaire des hommes au combat, n'hésitant pas à tuer, fière et conquérante. Sa virginité fait sa force : femme sans amour, elle est complètement indépendante des hommes et règne en maître sur l'armée du roi Charles VII. Symbole de transgression, elle fait figure de personnage hors normes. Mais la Jeanne d'Arc de Schiller n'est pas l'une des pionnières de l'émancipation féminine issues de la Révolution française, même si l'auteur s'est sans doute inspiré de ces personnages révolutionnaires hauts en couleur. Le mythe de l'amazone perd de sa force au fur et à mesure que la tragédie se déroule, laissant, en quelque sorte, apparaître les défauts de la cuirasse : la beauté, la douceur et la saineté de Jeanne rivalisent avec l'étrangeté, l'horreur et la violence que suscitent ses traits à d'autres moments. De la sorcière séductrice à la vierge sainte en passant par l'ange asexué, la figure de Jeanne connaît de nombreuses métamorphoses et suscite bien des interrogations. L'équivoque du personnage prend son sens au regard de l'esthétique schillérienne du sublime. Le catholicisme, la sainteté et l'apothéose finale apparaissent comme un habillage romantique destiné à faire ressortir le caractère sublime de l'héroïne. Comme d'autres personnages schillériens, la "Pucelle", amazone des temps modernes, entraîne vers cet "Etat esthétique" rêvé par Schiller, nouveau royaume mythique situé aux confins du monde réel et habité par une humanité meilleure |